Il y a un homme qui a un tout petit jardin.
Il est si petit, ce jardin, que la place y est très calculée.
Il cultive tout, un peu pour que chaque plante s’y développe un peu, et que chacune y aie un peu de place.
Il n’y a plus de place que pour un tout petit banc au milieu : une très grosse pierre.
Il l’a placée là au début du jardin et c’est sur elle qu’il se pose pour réfléchir à ses plans de jardinage.
Il aime ce petit banc comme un compagnon de route et de réflexion.
Le jardin est organisé autour du banc, poli par les années.
Un jour, il apprend qu’une graine rare d’un arbre extraordinaire attend le jour et l’eau sous ce banc.
Il doit choisir entre son petit banc confortable, rassurant, habituel et connu, et cet arbre extraordinaire, porteur d’une richesse toute autre et nouvelle, porteur d’Espérance ;
un arbre rare que les jardiniers n’osent pas espérer.
Il déterre son petit banc en pleurant parce que c’est dur d’arracher ce sur quoi on s’est toujours reposé.
Il va même devoir le jeter car il n’y a pas d’autre place pour lui dans ce jardin.
Il pleure aussi parce qu’il ne connaît pas la richesse que porte l’arbre extraordinaire.
Mais s’il la connaissait, il y a longtemps qu’il aurait tissé le hamac qu’il pourra un jour tendre dans ses branches.
Hélène