Depuis que j’ai appris à connaître Anne, je demeure émerveillée par les qualités de cette femme qui reste à mon sens trop dans l’ombre. Pour avoir relu sa vie et son oeuvre, je voudrais m’extasier avec vous sur plusieurs points et contempler ce que peut donner l’oeuvre du Seigneur sur un coeur qui lui est totalement consacré :
- accomplir la volonté de Dieu
- faire avancer la gloire de Dieu
- aimer Dieu, et Dieu seul, au-dessus de tout, en tout : voilà la base des pensées, des désirs et des actions d’Anne.
Ce Dieu auquel elle va consacrer sa vie et qu’elle aime par-dessus tout a un visage qui se révèle dans les pauvres, les malades, les méprisés, les rejetés, et en particulier les jeunes filles et les femmes de son temps.
Elle nous donne, comme les prophètes du Royaume, à contempler un Dieu doux, pauvre, un Dieu de miséricorde et de Paix, et je trouve cela extraordinaire quand on se replonge dans ce que fut sa vie et ce que furent les difficultés et les épreuves qu’elle dût traverser pour accomplir l’oeuvre à laquelle elle se sentait appelée par Dieu.
Je l’aime pour son courage, pour son intrépidité, pour sa patience et son espérance héroïques.
Comment a-t-elle pu ne pas sombrer dans ces pires moments d’abandon, de solitude, de procès, de perfidies, de méchancetés, de calomnies et d’incompréhensions, sinon par la force surnaturelle que donne le Seigneur à celui qui se livre entièrement à Lui… reprenant à son compte la parole à l’apôtre : «« Ma grâce te suffit ; ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse, car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » 2 Co 12,9»
Je l’aime pour son intelligence des personnes et des situations, pour sa jeunesse et son esprit novateur, pour son intuition visionnaire et sa « passion d’instruire », pour son Amour de l’Église. Je l’aime pour son humilité, pour sa manière de nous aider à « trouver Dieu dans l’ordinaire de nos vies» et à ne pas nous déchirer entre le choix de Dieu ou le choix de l’homme : nous permettre de garder unis ces deux buts «pour la gloire de Dieu et le salut du monde .»
En fait, je l’aime surtout parce que quatre siècles après elle, je peux, nous pouvons contempler l’inspiration qui fut la sienne à travers le grand arbre que vous formez aujourd’hui, chères soeurs et amis de Sainte Ursule, que vous incarnez par vos multiples visages vos engagements divers et par tout ce que la grâce de Dieu nous a permis de partager en humanité et en divinité, dans l’Espérance du Jour du Royaume enfin accompli.
Je voudrais finir avec ce texte du Père Martelet que je trouve très beau :
«Soyez fidèles à Anne de Xainctonge. Payez-vous le non-conformisme de croire en Jésus Christ humanisateur, et vous serez entièrement fidèles à votre charisme, entièrement fidèles aux besoins actuels du monde (…). Votre fidélité au charisme d’Anne de Xainctonge consiste sans doute :
à fonder votre non-conformisme sur la foi inentamée que mérite le Christ, à croire que l’humanité peut être éduquée par le Christ alors que le monde le croit “dépassé” ;
à croire que le Christ éducateur du monde vit dans l’Église qui est le sacrement du Christ, non parce qu’elle est fidèle au Christ, mais parce que le Christ est et demeure fidèle à l’Église (…)
à croire (…) que nous éduquer, c’est tout d’abord nous christifier (…)
Le non-conformisme nécessaire, c’est la conformité aimante et humble avec Jésus Christ dans la puissance de l’Esprit qui assiste l’Eglise au profit spirituel du Monde. »
et surtout par la contemplation des Béatitudes très chères au coeur d’Anne de Xainctonge.
Hélène Grizaud