Jubilés aux USA
Mus par un rêve,
Attirés par un amour,
Pèlerins, compagnons et amis,
Nous traversons la tempête et le feu,
Affamés, pleins d’espérance,
Soutenus par l’amour du Seigneur.
Sr Rosemary McNamara, s.u. a parlé au nom des jubilaires du diocèse de Raleigh (Caroline du Nord), lors de la célébration du 1er février 2014.
Père évêque, pères, frères et sœurs en Christ, je voudrais, au nom des jubilaires, vous remercier d’être venus vivre cette célébration avec nous aujourd’hui. Ensemble nous célébrons 205 ans de vie consacrée.
En ce qui me concerne, j’ai passé presque la moitié de ma vie religieuse en service dans le diocèse de Raleigh.
En 1996, je vivais avec Sr Barbara Marie à la paroisse Sainte Marie de Wilmington. Cette année-là était aussi celle de mon « troisième an », une année de préparation aux vœux définitifs. Dans le cadre de cette année de préparation, j’ai quitté Wilmington pour aller passer le Carême et Pâques en RD Congo. A mon retour, j’étais à la maison avec Sr Barbara lorsque nous avons reçu un appel de démarchage à domicile. J’ai accepté de répondre à une courte enquête sur le thème des voyages. En voici le contenu :
- L’appelante : Avez-vous voyagé récemment hors du pays ?
- Sr Rose : Oui.
- L’appelante : Où êtes-vous allée ?
- Sr Rose : Au Congo.
- L’appelante : Recommanderiez-vous cette destination comme lieu de vacances ?
- Sr Rose : Non.
- L’appelante : Pour quelle raison ?
- Sr Rose : La guerre, les maladies, la grande pauvreté et un dictateur malveillant.
- L’appelante : Silence… puis : Je mets ça dans « autre ».
Nouveau silence, puis l’appelante dit : « Ca ne fait pas partie de l’enquête mais est-ce que je peux vous demander pourquoi vous y êtes allée ? » - Aujourd’hui je pourrais dire : « C’est compliqué », mais à ce moment-là je lui ai dit : « Je suis allée rencontrer mes sœurs et leur peuple, et c’était une expérience magnifique. »
- Puis elle a demandé : « Etes-vous une nonne ou quelque chose ? » (« Nun » est utilisé normalement pour la vie monastique).
- Considérant que « quelque chose » pouvait être une manière de signifier la différence entre nun et sœur, je lui dis : « Oui, je suis une sœur ».
- Elle répond : « C’est bien, je suppose. Bonne chance ! ». Et l’appel s’est terminé.
La télémarketrice avait posé une bonne question : pourquoi suis-je allée là-bas ?
-Pourquoi ai-je traversé les Pyrénées à pied ?
-Pourquoi suis-je allée au mois d’août dans le sud travailler au sous-sol d’une vielle école en brique ?
-Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui je reste jusque tard dans la nuit assise sur des gradins, dans des lieux de concert ou à l’aumônerie des étudiants en conversation avec des étudiants ?
-Pourquoi Sr Marion allait-elle à Covenant House à Times Square bien avant que cela ne devienne la place à la « Disney » qu’elle est aujourd’hui ? C’était alors un lieu redoutable et dangereux.
-Ou pourquoi se rendait-elle dans les champs de tabac et les élevages de poulet quand elle était à Wallace ?
-Pourquoi Sr Renée a-t-elle continué son service dévoué dans les écoles de Philadelphie, naviguant les eaux tumultueuses de la fusion des établissements ? Et maintenant, commencé un nouvel engagement paroissial dans ce diocèse, plutôt que de prendre sa retraite ?
-Pourquoi sœur Mary Ann a-t-elle quitté la classe et le Wisconsin pour vivre en solidarité avec les pauvres de Greenville, très loin de sa communauté, de sa famille, de ses amis ?
-Et Sr Laura : en l’espace de 10 ans, pourquoi est-elle allée de Philadelphie et Reading en Pennsylvanie à Arlington en Virginie puis au lycée Cardinal Gibbons de Raleigh ? Ce n’est pas pour se disperser, mais pour vivre un approfondissement…
POURQUOI ? Parce que nous sommes des religieuses apostoliques.
Chacune de nous a répondu à l’invitation de Dieu à venir, voir et suivre, chacune d’une manière profondément personnelle.
Chacune de nous a expérimenté le charisme unique de chacune de nos congrégations tel qu’il était mis en œuvre par les sœurs que nous avons rencontrées, les femmes qui nous ont inspirées.
La vie religieuse n’est pas un moule dont toutes sortent semblables. Elle fait partie de la splendide mosaïque que représente la vie religieuse dans l’Eglise : ses charismes sont aussi variés que les éclats de terre colorés de la mosaïque.
Au printemps dernier j’ai emmené un groupe d’étudiants à Nashville pendant les congés de printemps, où nous nous sommes engagés dans un centre pour des personnes sans-abri. A notre arrivée, nous avons rencontré quatre sœurs qui nous ont parlé, sans mentionner leur congrégation. A la grande surprise des étudiants, j’ai pu identifier chacune des 4 communautés à partir de ce que ces sœurs ont dit et de la manière dont elles l’ont dit.
Nos charismes ne sont pas uniformes, mais ils sont unis dans leur fondement évangélique. Ils sont des voies authentiques pour vivre notre consécration baptismale, en communauté, en Eglise.
C’est difficile d’en exprimer la profondeur et les contours de manière adéquate. Ils sont subtils. Parfois c’est très intuitif, comme « l’odeur de soupe au poulet de sa mère. » Mais les mots importent, aussi essayons de les exprimer.
-Pour les sœurs servantes du cœur immaculé de Marie, les mots amour, espérance, fidélité et divine Providence sont chargés d’un sens spécifique qui touche le cœur de chaque sœur.
-S’engager avec simplicité et sens de l’accueil résonne dans le cœur de chaque sœur de Ste Agnès. Et même sans avoir lu la déclaration missionnaire du Centre d’accueil Tarboro, je soupçonne que, si Sr Mary Ann a été impliquée dans la rédaction, la simplicité et l’accueil sont, implicitement ou explicitement, des éléments essentiels de cette déclaration.
-L’image de … « ne pas porter de grandes torches qui jettent un jour brillant dans l’Eglise mais de petites lampes qui éclaireront les jeunes filles, les pauvres et les femmes pour faire connaître et aimer Dieu par Jésus Christ » enflamme le cœur de chaque sœur de Ste Ursule à travers le monde. C’est ce qui nous aide à nous lever le matin et détermine la manière dont se passent nos journées.
Notre nombre et notre moyenne d’âge sont sans importance et sans conséquence. Il n’y a pas de puissance de création liée au nombre, mais il y a une puissance de création dans nos charismes. Dans la mesure où ils sont vécus avec vitalité, dans la fidélité et en donnant au monde et à l’Eglise un témoignage crédible – l’Esprit de Dieu est présent.
En écho au prophète Isaïe : « chaque matin le Seigneur me réveille, nous réveille pour écouter, écouter comme un disciple, pour dire un mot d’encouragement à ceux qui sont las », quel que soit le lieu où ils se trouvent.
C’est ce que nous sommes et ce que nous essayons de vivre – des vies de prière et de discernement, et comme le saint Père nous le dit dans sa récente exhortation, des vies de «disciples missionnaires».
Lorsque j’étais novice, un des chants de Dan Schutte m’a parlé de cet itinéraire, cette aventure étonnante que j’avais commencée. Ce chant me parle encore aujourd’hui :
Mus par un rêve,
Attirés par un amour,
Pèlerins, compagnons et amis,
Nous traversons la tempête et le feu,
Affamés, pleins d’espérance,
Soutenus par l’amour du Seigneur.
Rendons grâce à Dieu pour ce don inexprimable !