Combien de fois m’est-il arrivé, au cours d’une conversation, d’avoir le sentiment que mon interlocuteur et moi n’étions pas sur la même longueur d’onde.
Malgré tout les efforts consentis pour lui faire comprendre ce que je veux lui partager, il paraît sourd à certains de mes mots ou pire les interprète différemment.
Ce simple constat m’a rendu plus attentive à ces mots, ils me sont apparus comme des vecteurs de sens capables d’évoluer.
Les mots signifient si peu de chose quand on les écrit à la plume de notre jeunesse.
Il nous a fallu les apprendre, s’appliquant à les recopier, à les additionner jusqu’à en faire des phrases.
Mots appris, enseignés, inculqués qui sont autant de clés, de taille brute, qui «entre-ouvrent» de possibles relations.
Clés garantes de l’existence d’une porte de communication nous donnant le moyen de passer d’un lieu à un autre.
Si les mots se font passeurs d’une terre à une autre c’est à nous de faire le voyage de la vie, c’est à nous de franchir porte après porte, non pas pour entrer en communication mais pour être communication.
Pourquoi sommes nous habités par le sentiment qu’il nous faut attendre de vivre pour pouvoir dire ce qui nous habite, pour pouvoir dire ce qui habite nos mots?
Nos mots! ils ont été forgés au feu de notre histoire, ils en ont la couleur, la force, la fragilité même de leur tranchant.
Mais pour habiter en vérité un mot, il faut avoir appris le silence qui remplit tout. Car les mots ne sont pas, comme on peut le croire, des sentiments, ce sont des expériences.
Brice