Marie-Amélie Le Bourgeois
Les Ursulines
d’Anne de Xainctonge
(1606)
C.E.RC.O.R. TRAVAUX ET RECHERCHES
Publication de l’Université de Saint-Etienne (2004)
A l’aube du XVIIème siècle, des fondateurs comme Pierre Fourier, François de Sales, Jeanne de Lestonnac, Marie Ward ont contribué à poser la question de la clôture féminine de façon nouvelle. Cependant Anne de Xainctonge est une des seules, quelques décennies avant Vincent de Paul, à avoir fait du refus de la clôture une «condition sine que non» de sa fondation.
Le cas des ursulines d’Anne de Xainctonge, dans leur façon de chercher une approbation, ou au moins une tolérance, met en lumière de façon exemplaire le fonctionnement des institutions d’Ancien Régime. On découvre avec un certain étonnement combien ces femmes, certes de milieu parlementaire, savaient maîtriser, sans en avoir l’air, toutes les subtilités du système social économique et juridique de leur temps. Même l’adoption du nom d’«ursulines» s’explique dans ces perspectives.
L’étude de quatre textes fondateurs, de genres littéraires différents, permet de découvrir plus profondément quelle était la source de cette résistance et de cette ténacité. On la trouve dans une mystique nourrie par la dévotio moderna relue par saint Ignace et les jésuites contemporains. Participant à un large mouvement qui s’étend à la même époque en d’autres lieux en Europe et dans un climat polémique entre protestants et catholiques, ces «filles dévotes» affirment que «la liberté de sortir» qu’elles revendiquent est partie intégrante de leur réponse à l’appel de Dieu qui met en leur cœur la passion «d’instruire».Le refus absolu de la clôture apparaît alors comme l’expression de femmes décidées à prendre toute leur place et à jouer leur rôle dans une société et une Eglise en pleine transformation.
Marie-Amélie Le Bourgeois est membre de la Compagnie de Sainte Ursule fondée par Anne de Xainctonge. Après des études de théologie à Rome, elle a entrepris, en 1984, des recherches sur l’histoire de la vie religieuse féminine.
En couverture: Portrait de Anne de Xainctonge, Communauté des Soeurs de Sainte Ursule, Dole