Mon carême a changé de couleur

Témoignages

Il y a, dans mes relations strictement “numériques”, quelqu’un d’assez fabuleux qui a un blog qui est une petite merveille, le récit simple et lumineux de petits bouts de chemin ordinaire dans la foi. A sa demande, j’ai contribué… et raconté comment, il y a quelques années, mon carême avait changé de couleur. Et il se trouve qu’il a changé de couleur par la voie de la retraite en ligne proposée par les soeurs de Sainte Ursule.
J’ai souri à ce souvenir, qui revient et colore désormais chacun de mes carêmes (j’ai vu d’ailleurs que vous récidiviez cette année, mais pour le coup, vous avez dès le départ annoncé, justement, la couleur…)…

Mon carême a changé de couleur, il y a quelques années.
Comme un vin qui vieillit s’ouvre soudain, sans prévenir.
Comme on retourne sa veste pour arborer une doublure inattendue.
Comme un enfant émerveillé voit s’inverser une de ces poupées à double face…

Il n’était pas forcément terne, mon carême, pas forcément sombre non plus, ni triste. Mais pas très coloré. Plutôt ardoise après la pluie, il y a de la lumière, et même un peu d’éclat – mais c’est un peu froid. Un peu rude. Un peu tranchant.

Et puis, cette année-là, une de ces nombreuses propositions de Carême en ligne – celle de mes amies les sœurs de Sainte-Ursule. Le cœur était violet foncé, fermé, sourcils froncés d’absence à mon Dieu mal assumée et butée. J’entre dans le Carême en un défi frondeur à Celui qui calerait bien quelques interstices de lumière dans tout ça – « Essaie un peu, pour voir… ».

-Je reçois la première proposition de texte et de méditation. Ça parle de tendresse. Pas étonnant, les ignatiens aiment à commencer en douceur. OK. Je le prends comme la lecture d’un préambule peu enthousiasmant quand on a hâte d’entrer dans le « vrai » texte. Ça va, ça va, j’ai compris.

-Deuxième étape – ça parle de tendresse. Encore ? Si ça vous chante, mais enfin le carême n’est pas si long, faudrait pas tarder à entrer dans le vif du sujet…
-Troisième étape – ça parle de tendresse. Attendez, les sisters… Je ne comprends plus, là…

Il a bien fallu que je pose là mon violet foncé attendant son gris ardoise. Attendant ses coups de pieds aux fesses et autres sourcils froncés, attendant son ego malmené et les grandes leçons sur sa pauvreté.
Et comme je suis plutôt honnête, j’ai daigné lever les yeux pour de vrai… et j’ai croisé un soleil couchant sur la mer. La chaleur réconfortante de son doux orangé. La puissance de ce jaune d’or à maturité qui bascule dans le soir, sans rien perdre de sa puissance enveloppante – oui, de sa tendresse.

Cette année-là, ce Carême-là, j’ai appris qu’on pouvait être converti par la tendresse – dans la tendresse. Je ne renie pas mon ardoise après la pluie, si tant est qu’en bord de mer, elle sache refléter le soleil couchant.
Mais mon carême a définitivement changé de couleur, pour ma plus grande joie.

Cette année, le mercredi des cendres, ma petite dernière a commencé à être bien malade. Pas très grave, mais pas rigolo. Alors pour l’instant, le carême n’est guère prière. Ou plutôt, il n’est guère méditation. Mais il est tendresse – infiniment tendresse. Et chaque jour, chaque instant, on travaille à lui installer, dans ses journées un peu difficiles, de l’orangé-doré…

A.S.

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