Il faudrait déjà
que je sorte de ma coquille,
que je sois touchée par la Parole qui fait ce qu’elle dit,
que je la laisse faire en moi ce qu’elle dit,
que je réponde à l’invitation,
que je croie en ce qui m’est dit de la part du Seigneur,
que cela me mette en route au-devant de l’autre,
que le reflet de Dieu
dans le nom et le visage de l’autre
m’émerveille et me remplisse de joie :
Comment ai-je ce bonheur
que ce reflet vienne jusqu’à moi ?
Que mon Seigneur lui-même vienne à moi dans ce reflet ?
Ou il faudrait déjà
que je laisse parvenir jusqu’à moi,
dans le sein maternel obscur
où Dieu me tisse sans cesse,
un mot, un chant, une présence,
qui me dit de vivre, de tressaillir, de me réjouir…
Il faudrait…
que je me laisse rencontrer.
Pour cela, il faudrait peut-être
que je croie que cela peut valoir la peine
de me rencontrer,
telle que je suis
et non pas telle que je voudrais qu’on me trouve,
que je démolisse
ou laisse démolir
mes barricades, mes remparts, mes paravents,
que je m’intéresse vraiment à l’autre,
que je ne me mette pas au centre du monde.
Il faudrait…
que j’écoute et que j’entende
ce que l’autre attend de moi,
et que j’y croie aussi.
Après, ce sera peut-être
l’alliance de deux pauvretés,
mais il y aura rencontre.
Soeur Marie Bernard