Vous est-il déja arrivé de vous perdre, c’est-à-dire de ne plus très bien voir où vous êtes, ni dans quelle direction avancer ?
Ce n’est pas agréable surtout quand tombe le soir et qu’on est en hiver !
Moi, j’ai un véritable sens de la “perdition” : il est rare que dans un quartier inconnu, je ne m’égare pas ; mais c’est devenu si habituel qu’il n’y a plus de panique. Cela me permet même de mesurer l’amabilité des personnes auxquelles je demande secours, avec une audace qui était loin d’être la mienne voilà quelques années.
L’autre jour, je suis descendue du bus devant un arrêt marquant un ensemble appelé “les vergers d’antan”. J’ai trouvé le nom joli et j’ai cru qu’en traversant ce pâté d’immeubles je serais “rue du Pas.”
En avant ! Une large rue, puis une autre, des bornes dont je ne savais le sens et puis une haute palissade dans laquelle je guettais, en vain, une ouverture…
Au bout d’une allée j’ai aperçu une porte, mais elle était vérouillée. Il pleuvait et je commençais à avoir froid. J’ai regardé autour de moi avec perplexité. J’ai aperçu un chat qui ruisselait en trottant courageusement sous la pluie.
“Va et montre-moi le chemin : où tu passeras, je passerai !”
Il m’a regardée de deux grands yeux verts un peu narquois, est passé en se faufilant entre la clôture et moi : j’étais en rade !
J’ai alors décidé de prendre les escaliers pour essayer de sortir, en haut… Je suis allée sonner à une maison proche. J’ai dit que j’étais perdue dans ce labyrinthe. Aimablement la personne a pris la clef de la porte qui m’avait arrêtée, elle a ouvert et j’étais dans la rue de la République à deux pas de la Maison Sainte Claire que j’ai retrouvée avec un soupir de soulagement avant de me changer car j’étais un vrai chien mouillé : j’ai pris le séchoir à cheveux pour me rendre présentable !
Je me demande d’où vient cette propension à l’aventure, inattendue, sans prélude et qui me laisse au départ parfaitement décontenancée.
L’autre jour encore, j’étais allée au marché. J’aime beaucoup les marchés car ils sont” bon enfant”, joyeux, animés et zones de découvertes pour qui aime trotter…
J’avais bien parcouru les allées où les chalands déballaient leurs marchandises diverses…
Je me suis arrêtée devant une échoppe de vêtements où se proposaient des jupes, corsages, déballés en tas. Je flâne donc et m’amuse de cette animation. Ce jour, je me suis arrêtée devant un étal séduisant où j’ai fait choix d’une jupe à “1 Euro Mesdames”. La jupe mise dans un petit sac en papier, je suis repartie, disant comme d’habitude au Seigneur : “Marche près de moi, même tout près et mets ta main sur mon épaule”.
Il y a un bout de chemin pour rejoindre le bus et j’allais sous un soleil déja chaud. Arrivée à l’abribus je m’aperçois, avec stupeur, que j’ai perdu mon sac en papier. Que faire ? Il y avait beaucoup de monde. J’ai dit au Seigneur : “Quelle déveine, comment retrouver ce sac ?”
Prenant mon courage à quatre mains, je suis repartie sur mes pas en pensant : “aiguille dans une botte de foin !” J’avais parcouru la moitié du chemin lorsque j’ai rencontré une inconnue qui m’a dit : “Est-ce vous la petite dame qui a perdu un sac ?” N’en croyant pas mes oreilles, j’ai dit : “oui”
“Retournez sur le marché, vous le retrouverez.”
Je suis repartie en me disant que le Seigneur était toujours aussi inattendu et attentif.
Sur le marché, une autre personne m’a interpellée : “Est-ce vous qui avez perdu un sac ? Allez près du vendeur de housses, il vous le donnera.” “Grand merci “
Je savais où aller et effectivement près de son étal le vendeur m’a appelée. “Votre sac Madame que vous avez oublié !”
Chic, il ne me reste plus qu’a reprendre le chemin du bus en pensant que lorsque le Seigneur marche près de vous, rien de fâcheux ne peut arriver. J’ai beaucoup de chance !
Soeur Marie Laetitia