Marie.
L’instinct du moment de Dieu.
J’ai une émotion profonde, devant l’extraordinaire acuité de Marie, cette capacité à se mouler dans le temps de Dieu, dans son tempo – cette intimité fabuleuse qui lui donne de savoir, sans science, sans discours, sans démonstration, juste de savoir, que c’est l’heure, et que c’est le vrai.
Il y a chez Marie, dans ce que nous en dit la Parole, une discrétion qui est l’essence-même et la pureté de sa vocation. Elle n’a pas besoin de plus, pas besoin d’être davantage vue, davantage entendue. Elle est, toujours, à sa juste place, rouage essentiel et infime du dessein de Dieu. Sa maternité divine est à la fois l’expression et la source de son lien, presque charnel tellement il est puissant, avec le Dieu de son histoire et de son peuple. Et dans ce lien reconnu et reçu par Dieu, il lui est offert de porter au monde le Fils de l’Homme, Espérance folle et don insensé pour l’humanité.
Elle porte, inscrite au fond des tripes et au bord de tout son être, la marque indélébile du désir de Dieu. La volonté et l’absolu de Dieu habitent son ventre, sa chair, et tout son être n’est que service de cette volonté-là, qu’acceptation de cette mission-là.
Le Fils de Dieu a quitté sa chair, mais Il y a laissé un lien éternel avec le cœur du Père, qui n’est ni de sang ni de mots, juste un bout de vie laissé en héritage, d’une vie de Dieu qui sait tous ses mouvements et reçoit ses élans. Marie reçoit toujours le cœur de Dieu une fraction de seconde avant l’humanité. Avec une fraction de lumière en plus. Alors elle peut porter au monde cette attention unique, ce regard de mère espérant pour l’humanité enfant, appelée à grandir dans la foi au Christ, son Fils.
Oui, Marie a reçu cet instinct de Dieu, lien primaire et puissant, pur, sans nœuds, sans volutes, sans fioritures ; juste le don de tressaillir quand le cœur de Dieu tressaille, le don de trembler quand le cœur de Dieu tremble, le don de sourire en voyant poindre le sourire de Dieu. Et le don de souffrir et d’espérer avec les hommes qui souffrent et qui espèrent.
La confiance de Marie et son offrande sont les mouvements merveilleusement purs, instinctifs, de celle dont la foi ne connaît aucun détour, aucune entremise, aucun costume. La foi de Marie EST comme Dieu EST en elle – Absolu. Direct. Entier.
Dieu en Marie est insoumis, insoumis aux limites de l’humanité, insoumis à la fatalité de son péché, insoumis à la loi des hommes qui se sont éloignés de Lui et ont éloigné leur loi de la sienne. Marie porte ce Dieu insoumis et révolté, fidèle et entêté. Et elle garde et gardera en elle toutes traces de cela. Marie est celle qui garde et porte la trace de Dieu au monde, à jamais. Elle a laissé Dieu s’imprimer en elle comme Il a imprimé sa Présence sur la terre des hommes. En prémices. En promesse.
Marie. Femme, mère, et servante. Intime de Dieu comme aucune humanité ne l’a été. Donne-moi, Seigneur, de toujours contempler Marie – et donne-moi d’approcher toujours un peu plus de cette vie fabuleuse de justesse et de service, d’accompagnement et d’annonce humble, de cette harmonie, enfin, cet accord parfait avec Toi, tournée vers l’Humanité et inscrite en elle.
Texte : A.S.
Photo : A.S.